La Kinky Dolce Vita : Petit détour BDSM en Italie
" Et si on allait à Torture Garden ? " L'idée trottait dans nos têtes et nos envies depuis un petit moment déjà, alors que nous tombons par hasard (ou presque) sur l'affiche de l'événement organisé ce printemps à Rome. Les billets d'avion pour la capitale italienne étant hors de prix, nous dénichons pour moins d'une vingtaine d'euros des vols pour Venise… Une occasion que nous ne pouvions que saisir, n'ayant jamais, ni l'un ni l'autre, foulé du pied la "sérénissime"… Et puis, quelle destination, quel détour, se voudrait plus romantique et approprié à nos aspirations érotiques et artistiques ?
Il n'en fallait pas moins pour boucler les réservations, et, bien évidemment, dénicher au passage un donjon disponible à la location sur Rome : le 5 Portes (Par ailleurs le seul et unique de toute la ville) … A nous la kinky dolce vita !
Venise, romantique ?
Après avoir fui le sud de la France, nous étions à nouveau plongés dans la torpeur chaude et moite des nuits méditerranéennes l'espace de quelques jours, non sans un certain degrés de masochisme de notre part peut-être…
Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre avant de poser les pieds à Venise, à part quelques clichés et fantasmes nourris par les nombreux récits qui abondent autour d'elle. Nous pensions que le tourisme de masse devait être moins présent hors saison et en pleine semaine… Nous la voulions sensuelle, nous la rêvions décadente, mystérieuse et masquée, nous la fantasmions comme le décor parfait de nos jeux érotiques et BDSM, au détour de ses ruelles obscures et labyrinthiques la nuit tombée. Comme quoi, la réalité ne se fait que rarement miroir du fantasme…
Car on peut dire que nos espoirs auront été littéralement piétinés par le flot de touristes, qui inonde la ville du soir au matin. La cité est engloutie par ses milliers de visiteurs, se bousculant sur les ruines de ce qu'elle semble avoir été autrefois. Même hors saison estivale, la ville est bondée, saturée.
Jamais découragés, aspirant à quelques répits et à un peu d'intimité, nous en faisons néanmoins le tour complet, à la recherche de lieux plus "secrets". Mais nous avons finalement passé plus de temps à esquiver des coudes et des téléphones qu'à profiter réellement des charmes de la ville. Certes, c'est une cité unique aux charmes atypiques, mais l'ambiance qui y règne nous a profondément dérangés, notamment la violence sociale visible dès la sortie de la gare où des hommes venus du continent Indien attendent, en rang sous la chaleur écrasante, de pouvoir porter les lourds bagages des touristes fortunés. Leur premier selfie - souvenir sera devant le porteur en sueur, forcé de sourire, au sommet des ponts.
Notre hôtel étant situé à Mestre, sur le continent, nous avons davantage profité de ses alentours le soir pour prendre quelques clichés au détour d'une ballade nocturne…
Venise n'est définitivement par la destination idéale si vous cherchez, comme nous, une ambiance intime et sensuelle, des lieux dédiés au BDSM ou simplement au sexe.
Torture Garden à Rome
Trois jours plus tard, nous arrivons à Rome, et nous retrouvons plongés dès notre arrivée dans l'effervescence de la capitale italienne. On nous avais prévenus : L'Italie n'est certainement pas la meilleure des destinations kinky : Les lieux dédiés au BDSM n'y sont pas nombreux… Mais c'est ici que se déroulait Torture Garden, événement naturellement relégué à la périphérie urbaine. Nous avons vaguement profité de notre séjour pour visiter deux ou trois lieux emblématiques "incontournables", comme la fontaine de Trevi ou le Panthéon… avant de fuir très vite ! Je crois que ce séjour nous a rendus presque allergiques aux foules de touristes. Et puis, nous voulions garder nos forces pour la soirée …
C'était la première fois que nous nous rendions à Torture Garden. Depuis plus de 30 ans, le club – appelé affectueusement TG – est reconnu comme étant l'un des meilleurs en matière de soirées fétichistes. Il est connu dans le monde entier pour héberger les performances artistiques "les plus provocatrices" accompagnées d’une bande-son dance en constante évolution et d’un code vestimentaire notoirement strict. Après un accueil peu chaleureux et un passage aux vestiaires, nous voici plongés dans un autre univers, peuplé de corps dénudés et ornés de harnais en cuir et de lingerie en vinyle.
Au premier étage, un espace fermé par des barrières est dédié aux jeux de couples volontaires pour "se donner en spectacle", pensé à la manière d'une scène (ou d'une arène?) où la foule peut assister aux ébats et aux jeux qui s'y déroulent. A côté, un bar, un espace cosy avec des canapés et une cage ainsi qu'un espace shibari complètent le tableau. L'étage supérieur est dédié aux performances qui rythment la soirée et à la boîte de nuit.
Nous circulons d'espaces en espaces avec la curiosité qui est la nôtre, assistons à une performance de Mère Dragon, et jouons un peu sur les canapés et dans la cage sous l'œil excité de la foule qui se presse dès qu'il "se passe quelque chose"…
C'est la première chose qui nous frappe au cours de cette soirée, beaucoup regardent, la plupart dansent, mais peu jouent… Quelques couples s'adonnent réellement à leur désir et à leurs vices favoris, sous les yeux de la foule agglutinée derrière les barrières, composée majoritairement d'un public très jeune et curieux.
Certes nous nous y attendions un peu : L'événement est conçu comme un Show géant, que ce soit l'espace de jeu dédié aux partenaires ou les performances de professionnels encadrés par les agents de sécurité. Un endroit où l'on vient pour voir et se montrer, pour consommer des scènes érotiques derrière des barrières.
Nous ne pouvons nous empêcher de comparer la soirée avec celles vécues à Berlin. L'ambiance et le ressenti y sont différents, puisque ce côté "spectacle" et "consommateur" existe beaucoup moins en version allemande : il y règne une forme de décadence de la liberté où, loin du simple désir de "se montrer", de "se chauffer", on y voit des couples s'aimer dans les recoins, se faire jouir et se faire mal dans une intimité réellement libérée.
Nous repérons tout de même, en dehors des quelques joueurs expérimentés qui se donnent en public dans l'espace de jeux, quelques couples ou partenaires qui auraient semble t-il eux aussi préféré ce genre d'ambiance, et restent comme nous plus ou moins à l'écart de la soirée. Torture Garden fut quand même une expérience intéressante, n'en déplaise à notre niveau d'exigence peut-être un peu trop élevé, et nous avons su prendre ce qu'il y avait à prendre…
Le 5 Portes
Heureusement, notre dernière soirée s'est révélée bien plus à la hauteur de nos attentes ! Je dois le dire, j'ai eu un mal fou à dénicher ce donjon, et sa propriétaire nous a d'ailleurs bien assuré qu'il s'agissait du seul et unique donjon disponible à la location dans la capitale italienne. Qui plus est, au prix très abordable compte tenu de la qualité du lieu !
Comme souvent avec les donjons, son lieu est tenu secret, et tandis que nous sommes guidés via messages vers notre destination secrète, nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre… Mais quel bonheur lorsque la porte s'ouvre, dévoilant un grand appartement entièrement équipé et une salle de jeux à la hauteur de nos espérances !
Outre l'espace de vie très agréable et confortable, le donjon est une vaste salle carrée aux murs de pierre et au sol entièrement recouvert d'un élégant damier. Il est orné de néons colorés, de miroirs et de différents meubles de torture en bois brut et massif, ornés de cuir, sans doute réalisés par un même artisan. Pas de fioritures, peu de jouets utilisables (il y a tout de même le nécessaire : cannes, martinets, paire de menottes, bâillon…), mais nous comprenons vite le grand souci d'hygiène des propriétaires, en constatant la propreté impeccable du lieu. Tout est désinfecté, emballé sous plastique, et un chariot est prévu pour y mettre les objets utilisés. Après avoir été accueillis très chaleureusement, nous nous sentons très vite comme chez nous… La musique est lancée, la nuit peut commencer !
Une nuit blanche et magique, à l'écart du monde et de la raison. J'ai entendu mes cris résonner contre les murs d'où aucun son ne peut s'échapper, dans cet écho enivrant, attachée sur la croix durant des heures, enfermée dans la cage, à ses pieds, sous son poids… Nous avons vécu dans ce lieu des moments magiques et uniques, des heures de supplices et de plaisir, d'amour et de liberté.
Nous n'avons dormi que quelques heures avant de repartir vers notre avion, et gardons un délicieux souvenir de cet endroit que nous vous conseillons vivement d'explorer…
Pour voir le site internet, c'est par ici !
A très vite pour de nouvelles excursions BDSM…